Dorothée ? Non, Douchka, comprenne qui pourra.

5 jours d’hopital, deux jours de sommeil, et 1 matinée de réinstallation d’ordi.
Fa-ti-gué que je suis.
On ne dort pas a l’hopital. Entre le va et viens des infirmieres, la lumiere omnipresente et l’inconfort des perfusions on ne trouve jamais le sommeil. Pire, meme, on ne se repose jamais vraiment, on ne se relaxe pas, on ne baisse jamais sa garde ni son attention. Ajoutez a cela la proximité d’un autre malade, donc l’absence de toute intimité mentale, et vous comprendrez ma necessité de coma des deux derniers jours.
Etre seul, dormir.
Faire caca sans que le malade du lit d’a coté vienne tambouriner a la porte pour savoir si on en a pour longtemps.
Si j’etait pas continuellement harcelé par quelques parasites familiaux, le Nirvana n’aurait pas eté loin.
Le bonheur est simple, et tiens en peu de points.
Un ventre plein, un endroit chaud et sec, et que personne ne fasse du trampoline sur vos c…
Vous pouvez me citer. C’est pas du Confucius mais le secret du bonheur n’est pas loin, je le touche du doigt et ca chatouille.
La famille…Pire, meme, les gens qui se soucient de vous. Quand on est malade, hors de question de ne pas repondre au telephone, de laisser sonner et faire le mort, avec des sociopathes tels que la femme de mon grand pere, c’est risquer d’etre reveillé par le belier d’une escouade de pompiers venus verifier qu’on n’a pas fait une attaque cardiaque.
Le malade n’a plus d’intimité, l’inquietude des autres tue par etouffement son individualité et son independance a petit feu...Tout cela sans malice ni intention de nuire, c'est l'ironie.
Le proche qui projette sur vos ses propres inquietudes par rapport a la mort est le pire de tous.
Rien de pire qu’une vieille dame qui s’ennuie et qui decide de faire de vous sa bonne œuvre, et de s’inquieter que vous alliez bien. Sous pretexte de cadeaux ou d’attentions elle debarque et telephone n’importe quand, et s’asseoit dans votre canapé pour se laisser lecher le visage par vos chats.
Je comprend pas les gens qui font ca, laisser les chats leur lecher le visage. Avant que la vieille dame ne prenne l’habitude de venir me squatter la bulle d’intimité sous pretexte de " je vais mourir ", mes chats etaient biens elevés et ne promenaient pas leur langue sur le visage des gens. Pire, meme, les petits bruits de satisfaction felinophile que la vieille dame se sent obligée d’emmettre pendant l’action, a la limite de l’obscene zoophile.
Si elle commence a leur faire leur toilette avec la langue, je la met dehors.
Et apres elle insiste pour me faire la bise. Y’a des coups de clef a molette qui se perdent, croyez moi.
En dehors de ca, l’hospitalisation m’a donné l’occasion de gouter aux joies de la television non cablaire, et ca craint. J’ai ainsi decouvert que Douchka presentait desormais le teleshopping sur TF1 et que Rodriguo, le frere jumeau malefique de Peter, avait epousé l’ex femme de Steven afin de lui voler l’heritage de William, le fils adoptif de je sais plus qui. Les soap du matin sont terrifiants, au bout de deux jours ils vous rendent dependants. Encore maintenant je me surprend dans mon sommeil a m’inquieter du devenir de Monica, la fille maniacodepressive de Juliana. Je comprend pas qu’il y’ait pas plus de suicide ou de lobotomie volontaire chez les menageres de moins de 50 ans, on peux arriver a faire des trucs incroyable avec un batteur a œuf et un peu de souplesse…
J’ai regardé De Gaulle a la telé, et j’ai trouvé ca sympa. Ca donne une idée de ma decheance…Si je commence a regarder Cresus, qu’on mette fin a mes souffrances.
Sinon, je depasse toujours pas les Araignées et les chutes d’eau dans Super Mario. Faut que je me rende a l’evidence, je suis nul en Game boy, c’est mon destin.
En dehors de ca Arte diffusait hier soir la Nuit des Morts Vivants, l’original genial du Maitre Romero. Il y’avait aussi le Festin Chinois, une soirée donc que je regretterais longtemps d’avoir raté, si seulement je n’avais pas tant aimé m’allonger et profiter du calme de ma nuit, fenetre ouvertes, le bruit de la rue et les ronflements animaliers de ma maman comme doulce berceuse…
Qu’il est bon de rentrer chez soi, meme si c’est pas le Kansas…